Un prosélytisme effréné

dimanche 10 février 2008

SRCM - ONU : vers un partenariat ?

(Dernière actualisation le 30 août 2009)

... ou l'opération séduction de la SRCM en quête de respectabilité !


Le 12 décembre 2005, la SRCM a été accréditée auprès du Département de l'information publique (UNDPI) pour propager à travers le monde le message des Nations Unies. C'est aussi le cas de plus de 1 500 ONG qui sont associées au DPI, sans parler des 1 500 autres qui ont le statut consultatif auprès du Conseil économique et social (ECOSOC), soit plus de 3 000 ONG associées à l'ONU. Autant dire qu'on y trouve de tout. Même Jacques Attali, qui appelle pourtant de ses vœux la création d'une véritable ONU des ONG reconnaissait que «(…) sous cette appellation, se glissent parfois des gens qui n'ont rien à y faire, comme des sectes, ou même des organisations terroristes (…)», dans son discours de septembre 2004 à la 57ème Conférence annuelle du DPI.

En effet, si chaque année de nouvelles ONG sont accréditées, d'autres sont en même temps exclues parce qu'elles n'ont finalement pas rempli leur rôle. C'est ainsi que la Shri Ram Chandra Mission faisait partie d'une liste de 25 ONG nouvellement associées à l'UNDPI en décembre 2005, tandis que dans le même temps 48 autres ONG étaient exclues.

Normalement, elles s'engagent à aider l'ONU dans son œuvre et à faire connaître ses principes et activités. Mais cela n'a pas empêché la Watchtower Bible and Tract Society (Organisation mondiale des Témoins de Jéhovah) d'être ONG associée au DPI de 1992 à 2001, alors qu'elle considère l'ONU comme "la bête sauvage de l'apocalypse" qui lutte contre Jésus… Cela pourrait être un cas particulier, mais il n'en est rien. Dans la liste des ONG associées au DPI, on trouve ou on a aussi trouvé : Brahma Kumaris, Sri Chinmoy, Sokka Gakkaï, …


La SRCM profite de son statut d'ONG associée au DPI pour pratiquer l'amalgame et entretenir la confusion. Le rapport 2008 de la Miviludes (Mission interministérielle française de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) ne dit pas autre chose. L'association au Département de l'information des nations unies ne donne en aucun cas un statut consultatif mais uniquement l'accès aux locaux et à l'information des Nations unies : "(...) Le système onusien est d’une grande complexité pour le grand public qui n’en retient guère que le rôle – la promotion d’idéaux comme la paix dans le monde, le développement et le respect des droits de l’Homme – ainsi qu’un logo aisément identifiable. Toute référence à l’ONU est un gage de respectabilité et certains mouvements n’hésitent pas en user, voire pour certains, à en abuser.
Il en est ainsi de la revendication du « statut consultatif » comportant lui-même plusieurs catégories qui « hiérarchisent » les ONG affiliées. Ce statut ne doit pas être confondu avec « l’association d’une OING avec le Département de l’information des Nations unies », qui permet seulement d’accéder aux locaux de l’ONU, de recevoir des informations mais en aucun cas de participer aux conférences (...)."
Extrait du rapport 2008 de la Miviludes (pp 53-54) in Stratégies d’influence à l’international en 2008 : l’exemple des agissements de la mouvance sectaire à l’ONU

Fin 2006, les responsables de la SRCM ont eu peur qu'on leur retire leur accréditation.
Ils se sont un peu affolés et ont décidé de mobiliser les ressources de la Mission le 10 décembre 2006 pour la Journée mondiale des droits de l'Homme. Pour être sûr d'avoir du monde, la consigne a été donnée de déplacer au 10 décembre les journées mensuelles de centre.

Après un rappel que l'ONU et la SRCM ont fêté leurs 60 ans d'existence la même année, le programme de la journée s'articulait autour de la signature du livre d'or (histoire d'avoir une preuve écrite pour les Nations Unies) et la lecture d'un vieille lettre de Babuji datant de 1957 et adressée aux Nations Unies, et enfin de la présentation d'un petit rapport d'activités de la SRCM entre 2000 et 2005.

Dans ce diaporama de présentation d'un échantillon des actions de la SRCM en rapport étroit avec les thématiques chères à l'ONU, on découvrait que ces 4 manifestations avaient réuni pas moins de 930 personnes sur une période de 6 ans.


D'après la SRCM, cette journée des Droits de l'Homme aurait mobilisé 25 pays et 7500 personnes. Quand on sait qu'elle dit être présente dans plus de 90 pays (25/90 = 28% des pays, sans les USA) et représenter 200 à 300 000 abhyasis (moins de 4%)…

En 2007, trois manifestations ont déjà eu lieu (Sources SRCMtm) :

  • Au Canada, dans 9 centres SRCM, on a fêté la Journée Internationale de la famille le 20 mai 2007. L'incongruité du lien SRCM - famille ne fait pas peur à la SRCM qui détruit pourtant les familles plus vite qu'elle n'accueille de nouveaux adeptes
  • En Inde, le 12 août 2007, on a fêté la journée Internationale de la Jeunesse dans 23 villes indiennes. Cette manifestation aurait touché 4000 jeunes des écoles supérieures autour de la notion de Leadership. Voilà donc l'intérêt que la SRCM porte envers la jeunesse indienne : la classe supérieure aisée, pour lui parler de leadership…
  • La Journée Internationale de la Paix du 21 septembre aurait été fêtée dans 22 pays, essentiellement d'Europe et Océanie, soit 34 centres auxquels se seraient joints 15 centres indiens.
Outre le fait que ces manifestations réunissent une infime fraction des adeptes de la SRCM, on peut noter que les grands absents de toutes ces manifestations sont les abhyasis des USA…

Pour la Journée internationale des Droits de l'Homme du 10 décembre 2007,
les responsables de la SRCM invitent à nouveau les abhyasis à organiser des portes ouvertes de leurs centres. Et il est vivement suggéré de faire le lien entre la déclaration des Droits de l'Homme et les statuts de la SRCM (sic)…

C'est avec joie que je vais me livrer moi-même à cet exercice, d'après quelques extraits des statuts de la SRCM France à sa création en 1986 ainsi que de son règlement intérieur (13 juillet 1986) :

Article 17 : "le président qui est le véritable maître de l'Association exercera ses pouvoirs par le truchement du règlement intérieur, qu'il peut modifier à son gré, notamment pour tout ce qui a trait à l'orientation spirituelle et philosophique de l'Association."
Extraits du règlement intérieur en date du 13 juillet 1986 :

Article 2 - Organisation : "L'association sera dirigée et contrôlée par le seul fondateur ou son Représentant Spirituel qui lui succèdera en ligne directe, et il sera Président de l'Association".

Article 3 - Constitution et Fonctionnement : "Le président sélectionnera un Comité de travail parmi les Membres de l'Association pour l'assister dans tous les domaines touchant au contrôle et à l'organisation de l'Association. Le Président désignera, parmi les membres du Comité de travail, des personnes qui occuperont les postes suivants : un Vice-Président (…). A discrétion, ou selon les besoins de la situation, le président peut également désigner toute(s) autre(s) personne(s) aux postes ci-dessus, qu'elle(s) soi(ent) membre(s) ou non du Comité de Travail de l'Association (…). A discrétion, le Président peut à tout moment procéder aux nécessaires changements de structure du Comité et des devoirs des titulaires de postes et des Membres du Comité (…)."

Article 9 - Pouvoir de VETO - Comment l'exercer : " (…) le Président a le pouvoir de VETO. Si un certain point a été décidé et a été accepté lors d'une réunion du Comité de travail et que le Président n'est pas d'accord avec la décision, estimant qu'une telle décision peut mettre en danger ou d'une certaine façon peut nuire aux buts énoncés de l'Association, il opposera son VETO à une telle décision en déclarant son désaccord, avec ou sans raison de ce désaccord. Il écrira VETO de sa propre écriture dans le livre des délibérations. Ce cas échéant devra être soumis et signalé à la prochaine Assemblée Générale."

Chari était présent le 10 décembre 2007 dans le tout récent ashram de la SRCM à Berlin (Allemagne). On aurait été en droit d'attendre un beau discours sur les Droits de l'Homme dans cette ville symbole ! Il n'en a rien été…


Voir aussi Coup de Maître